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Une lettre de mon frère.

  • Photo du rédacteur: Mathieu Nicolai
    Mathieu Nicolai
  • 4 mars 2020
  • 6 min de lecture

Dernière mise à jour : 2 avr. 2024

/!\ Cette nouvelle peut heurter la sensibilité de certaines personnes. Elle contient des éléments gores.


Bonjour, vous me connaissez déjà, je viens souvent ici, mais cette fois, ce n'est pas pour rigoler avec vous… Je ne sais pas si je vous l'ai dit, mais mon petit frère s'est suicidé, il y a seulement trois jours… Cependant, il nous a laissé une lettre expliquant pourquoi il a mis fin à ses jours, et cette lettre, nous a laissé un étrange sentiment… Je vous laisse comprendre pourquoi.


« Ma chère famille. Je sais ce que vous vous dîtes : « Comment n'avons-nous pas vu ce qui lui arrivait ? Pourquoi on n'a rien fait avant ?» Arrêtez de vous casser la tête par rapport à ça, vous ne pouviez rien faire pour moi, personne ne le pouvait à vrai dire... Ne pleurez pas pour moi, je n'en vaux pas la peine croyez-moi. Enfin, même si je dis ça, vous allez le faire et je ne vous en veux pas pour ça. Laissez-moi expliquer ce qui est arrivé à votre fils chéri. Pour vous, j'étais le garçon modèle, gentil, doux, souriant, toujours de bonne humeur vivant dans le monde des bisounours. Mais la réalité était toute autre.

À vrai dire, j'étais totalement l'inverse de ça, un garçon introverti, malsain et bizarre, je riais du malheur des gens, je m'en délectais tel un moustique se délecte de notre sang. Je n'ai pas voulu vous montrer cette face cachée de ma personnalité, j'en avais honte surtout devant votre gentillesse et votre bonté envers moi.


Les autres, je les manipulais, j'en faisais des pantins, mes pantins. Je trouvais toutes les formes de chantages possibles pour arriver à mes fins.


Enfin, je dis « je » mais ce n'était pas vraiment moi, enfin si, physiquement si, mais pas à l'intérieur... Je ne sais pas comment le dire, mais au fond de moi, ce n'était pas moi.

Au début, ça allait, la nuit avant pour m’aider à m’endormir, je m’auto-motivais pour la journée suivante, comme une prière, je m’adressais à moi-même, réfléchissais, pesais le pour et le contre de nombreux sujets en discutant avec moi-même. Mais, plus le temps passait, plus mes pensées et mes discussions internes changeaient. Ce que je prenais pour mes paroles, ne l’était pas, ou plus, il y avait autre chose à l’intérieur.

Je vous le promets... Ça me hantait maman, les voix, leurs voix me hantaient, ce n’étaient plus mes pensées, mais les leurs, ce n'était pas moi, non ça ne l'était pas… Enfin... Même maintenant, j'ai toujours le doute, est ce que je les imaginais ? Où étaient-elles vraiment là ? C'étaient peut-être mes pensées profondes et inconscientes ? Je ne sais pas...


Nous détestons les humains, ces êtres avides de pouvoirs, égoïstes et impurs, ils ne méritent pas de vivre. Mensonges, manipulations, viols, meurtres, tant de vices en eux qui doivent être détruits, qui doivent être purifiés. Voilà ce qu'elles me disaient, voilà leurs mots... Chaque soir, chaque matin, à chaque heure, chaque minute, elles me harcelaient, « Détruit les » « extermine les » « purifie les » « Tu es fort Mathieu, tu peux le faire ». Vous vous rappelez notre chat Paillète ? Il ne s'est pas enfui, c'est moi qui l'ai tué. Nous avons pris un malin plaisir à lui briser les membres, le dépecer vivant et de le couper en morceaux. Cette sensation était exaltante, le sang sur mes mains était magnifique, rouge foncé, ma couleur préférée, c'est une coïncidence ?



Non, je n'ai pas aimé, c'est elles qui aiment, pas moi, elles ne veulent pas sortir papa, non, elles ne le veulent pas.

Sortez de ma tête sortez de ma tête SORTEZ DE MA TÊTE PUTAIN. Même maintenant elles sont là. Même quand je vous fais mes adieux, elles sont là, elles ne me quittent pas, jamais, non jamais...

Tous les soirs, elles me parlent, elles invitent des choses dans ma chambre, des ombres, des monstres, uniquement visibles du coin de l'œil, elles me guettent pendant que les autres me parlent. Les médicaments, c'est moi qui les prenais pour dormir, impossible sans eux,

Les voix ne s'arrêtaient pas, les ombres se riaient de moi, elles dansaient, jouaient, se moquaient de moi, leurs yeux jaunes me fixaient. Tous les soirs, oui tous les soirs...


Je suis perdu, à bout, en burnout, trois fois que j'écris cette lettre, j'en ai marre de la recommencer, du coup elle sera comme tel, décousue, illogique, je sais même plus ce que j'écris, ni comment, rien ne va dans cette lettre... Elles prennent le contrôle de mon corps et de mon esprit, je les contrôle de moins en moins, mes pensées sont les leurs... Mes gestes sont devenus les leurs... Mes mutilations ne suffisaient plus, elles voulaient un sang autre que le mien... Paul Verro, 13 ans, scalpé, yeux crevés, démembré. On ne le reconnaissait plus cet enfant, c'était amusant, entendre ses cris de peur et de douleur, ses yeux larmoyant bleu clair, c’était horrible. Non, magnifique, vraiment magnifique.


Arrêtez... Laissez-moi finir, dégagez, sortez de ma tête, vous et vos ombres de merde, dégagez de ma tête et de ma chambre... Mon cœur me fait mal papa... Tu m'as toujours dit que j'étais fort, de ne pas pleurer sauf dans tes bras, mais je ne peux pas pleurer, je peux plus pleurer, ça sort plus... Et même si ça sort ça fait mal, ça me brûle, quelquefois, j'ai l'impression que mes larmes sont du sang, mais un clignement plus tard et c'est redevenu des larmes normales... Mon corps me trahit, mes coupures me grattent, mon cou me gratte... Je suis pourri de l'intérieur, je suis mort à l'intérieur... Des vers sont sortis de mes coupures, je les vois encore quand je regarde mes veines, je les sens se balader dans mon corps comme s'ils étaient chez eux. Ça me gratte terriblement, je me griffe jusqu'au sang pour les faire partir, mais ils reviennent, je ne sais plus quoi faire, elles n'ont plus ne savent pas quoi faire, je suis leur hôte après tout.


Pourquoi vous ne m'avez pas cru ? Pourquoi vous avez dit que je délirais ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi personne ne me croit, Camille, même toi ma sœur... Tu t'es même moquée de moi, mon regard, ton regard, vos regards, j'ai vu dans vos yeux... J'ai vu que vous aviez honte de moi, j'ai appris à analyser les signes, les gestes, vos mots disaient ce n'est rien, mais vos yeux me jugeaient, je le voyais bien. Vous êtes sa… ma famille putain, vous devez le… Me soutenir pas m'enfoncer, allez crever, nous sommes la pour lui, moi, nous-même, elle est belle notre famille hein ? Vous n'êtes que des obstacles, des murs moralisateurs dans son esprit.

Vous vouliez m'envoyer consulter non ? Pas la peine, je ne suis pas fou, non, je ne le suis pas, c'est elles... Ce sont les voix... Je suis sain d'esprit hein que je le suis, oui, tu l'es, oui, je le suis, je pense donc je suis, il disait ça Descartes non ?

Je suis sain d'esprit, crois le assez fort et ça se réalisera, je n'ai rien fait de mal... Si, je le suis, papa, maman, Camille, je suis fou, les voix ont eu raison de moi... Je ne peux plus vivre comme ça, je ne veux plus faire du mal aux gens, je ne veux plus me faire casser la tête... Me faire noyer dans les toilettes... Je ne veux pas briser, détruire des familles entières en tuant des êtres impurs, je ne veux plus le faire, je ne veux plus souffrir... Oh que si, mon Dieu que si, nous voulons le faire, elles me protègent, nous te protégeons Mathieu et te protégerons toujours, nous sommes toi et tu es nous.

Je vais finir en enfer et non au paradis, on ne se reverra peut-être pas. Papa maman, je vous aime, vous avez été les meilleurs parents du monde, je n'ai jamais pu vous remercier, je ne pourrais jamais t'offrir les vacances en Indes dont tu rêves papa, je ne deviendrais jamais un grand homme maman... Je ne serais plus ton con de petit frère Camille... Je ne serais plus rien.

J'aurais aimé vous dire adieu de vive voix, mais ça n'est pas possible... J'ai peur de ce que je peux vous faire, je ne veux pas vous faire de mal. Je vous aime, les voix ont eu raison de moi, les ombres m'ont hanté pendant trop longtemps... Je deviens comme elles... Je commence à éprouver du plaisir pour ce que j'ai fait, je regarde les ombres jouer, je m'amuse même avec elles... Je ne veux pas continuer ça, c'est contre ma morale... Je préfère quitter ce monde pourri jusqu'à la moelle avant de faire d'autres choses horribles, tant que j'ai encore un peu de contrôles sur moi-même.

Papa, maman, Camille, je vous aime...


- Mathieu.


Voilà la lettre de mon frère, il parle d'ombres et de voix... Je ne l'ai pas cru... Il n'a donc eu personne pour l’écouter... Ne faites pas la même erreur que moi, si jamais quelqu'un vous parle de ça, écoutez le, et faîtes lui confiance…



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