Himitsu
- Mathieu Nicolai
- 4 mars 2020
- 10 min de lecture
Dernière mise à jour : 2 avr. 2024
/!\ Cette nouvelle peut heurter la sensibilité de certaines personnes. Elle contient des éléments gores.
Avez-vous déjà vu des fantômes ? Vous savez ces êtres bloqués dans notre monde, interdit à celui de l'haut-de-la…
Pour certains, ce n’est que de vaines cultures païennes ou croyances satanistes... A vrai dire je le pensais aussi avant toute cette histoire. L'événement va venir ne vous inquiétez pas, je vais juste poser les bases de mon histoire.
Je suis Necros, simple étudiant en physique, je ne suis ni dépressif ni sans amis. Je rigole, pleure et bois avec mes amis, un étudiant normal quoi. Enfin... normal est un grand mot, mon passe-temps c’est l’Urbex. Aller dans des vieux bâtiments plus utilisés comme des hôpitaux, des vieux manoirs, des usines désaffectées, etc... Je parcours la France entière à la recherche de lieux comme ça.
Mes recherches ont fini par me mener dans une petite ville dont je vais taire le nom, dans le centre de la France.
La petite ville était intéressante en elle-même, effrayante et glauque à souhait. Vous connaissez sûrement la rumeur des villages isolés non ? « Ils n'aiment pas les étrangers », bah, je vous promets que c'est vrai, le regard des habitants me pénétraient, chaque habitant se retournais à mon passage.
Outre les habitants, la ville était plus tôt mignonne, des fontaines, des fleurs et les bâtiments... Mon Dieu ces bâtiments, plus vieux les uns que les autres, sur certains les plantes grimpaient sur les murs, sur d'autres la pierre était abîmée... C'était magnifique.
Mais je ne suis pas là pour du tourisme, je suis là pour cette maison, ce manoir soi-disant hanté. Je vais me taper une bonne frayeur, me disais-je…
Après 10 minutes de marche à travers la forêt bordant le village, le manoir était enfin là, une grande bâtisse en bois dont les trois-quarts étaient pourris, mais elle tenait encore debout. La fenêtre et les portes étaient condamnées, la végétation avait repris ses droits, le manoir lui-même ne voulait pas de visiteur.
Je tremblais d'excitation, tout était enfin prêt, j'avais réservé ma chambre dans un hôtel, mon portable était chargé, ma lampe torche avec des piles pleines, des piles de rechange, des rations, et des outils de crochetage.
En parlant de crochetage, celui de la serrure était un jeu d'enfant, une vielle serrure de ce calibre était aussi facile que de voler une glace a un enfant.
L'entrée donnait sur le salon, une grande pièce haute et imposante avec des escaliers se séparant en deux, menant a deux ailes du manoir. Le sol était couvert de feuilles, sûrement venues des fenêtres cassées, mal « recouvertes» par les planches, les sculptures qui habitaient le salon représentaient diverses personnes que je ne connaissais pas, les détails leur donnaient un air vraiment réel, limite malsaine.
Avant la séparation des escaliers, un tableau géant, attaqué par la moisissure, était accroché au mur, il représentait une femme extrêmement belle, blonde aux yeux verts, avec un visage froid... Cela devait être la maîtresse de maison. Après avoir pris plusieurs photos de la salle, je commence à fouiller minutieusement à la recherche d'indice ou de documents sur le manoir lui-même. Les fauteuils étaient relativement bien conservés, mais le bois de certains meubles était attaqué par les mites. Ma recherche n'a rien donné mise à part quelques journaux relatant les faits des années 1990 et une clé. J'ai continué l'exploration du rez-de-chaussée, avec un sentiment de malaise constant sur les épaules... Vous voyez le sentiment d'être observé ou d'être suivi ? Ce n'est pas vraiment agréable, mais je mettais ça sur le compte du stress ou juste de l'excitation.
Le rez-de-chaussée était composé de plusieurs salles : une salle a mangé, une cuisine, un vestibule et une petite pièce fermée à clé. La pièce en question était un atelier, comportant des coffres fermés ou brisés, des pots de peinture, des étagères et au milieu de la salle une toile sur un trépied.
Cette toile était un portrait non fini, il n'y avait que des yeux vers perçants, la forme du visage était maigre et abîmée, les cheveux étaient d'un châtain clair mi-long, mais il n'y avait ni bouche, ni nez, ni oreilles, juste un nom : «Himitsu». Était-ce le nom de l'artiste ou de la personne peinte ?
Ce tableau était absorbant, mais totalement dérangeant, ses yeux vides vous fixe, vous pénètre... Et cela, accumulé au stress et à la peur n'ai guère très réconfortant.
Ne pouvant plus supporter ce regard posé sur moi, j'ai décidé de partir perdu dans mes pensées, mais dans ma hâte, j'ai trébuché sur un pot de peinture qui traînait, et fis tomber une étagère avec moi en voulant me rattraper.
Un rire féminin se fit entendre pendant ma chute, avant de m'écraser lourdement sur le sol...
Le temps de réouvrir les yeux, la salle avait changé... Les murs étaient couverts de rouge, c'était du sang ? De la peinture ? Je n'ai jamais su, mon cœur battait à la chamade, ma tête me lançait et ce rire... Ce rire continuait de résonner dans ma tête. Cependant, la seule pensée me venait à l'esprit : « Sauve-toi ».
Dans la panique, j'essayais de me dégager, forçant sur les bras, les jambes et tout mon corps pour me faufiler sous les étagères tombées. Après, plusieurs minutes, je parviens enfin à sortir, malheureusement, j'ai dû laisser mon sac sous les décombres.
La porte se referme derrière moi dans un claquement à faire trembler les dieux, enfermant mon sac et toutes mes affaires, mais sur le coup, je n'y pense pas, mon seul but était de sortir.
Sortant de la salle en courant, mon principal objectif est de m'enfuir, sortir de cette foutue maison maudite. Ma course est malheureusement arrêtée par une des statues de l'entrée cassée sur le sol, l'enjambant rapidement, je trébuche et me retrouve à glisser sur le sol poussiéreux recouvert de feuilles, jusqu'à l'imposante porte d'entrée. Me relevant à la hâte, j'essaie en vain d'ouvrir cette putain de porte, criant, frappant, pleurant en espérant que quelqu'un passe par la... Mais rien. Sauf une voix, ne venant pas de l'extérieur, mais de l'intérieur :
- Tu ne peux pas fuir jeune homme.»
La voix avait raison. La fuite est impossible. Je ferme les yeux et commence à reprendre mon calme, respiration par respiration... Mon rythme cardiaque se calme, ma tête se vide des idées négatives. Je regarde l'équipement qui me reste : mon portable, une barre de céréales et mes cigarettes, l'équipement parfait pour une exploration. Nouvel objectif, trouver le moyen de sortir, il doit y avoir une clé, une solution, quelque chose.
Soupirant du manque d'équipement, j'ai continué mon exploration avec le flash de mon téléphone, la prochaine étape était l'aile gauche du premier étage. Le manque de luminosité augmente la peur et l'imagination les bruits de pas dans les couloirs, les marches qui grincent etc, etc... Voici mon état d'esprit actuel, le mélange de peur et de paranoïa... Était-ce cela qui me faisait voir des mouvements dans les ombres ? Les bruits de pas ? Et ce rire ?? Tenant fermement mon portable, tout en filmant avec le flash, j'avance à travers ces obstacles.
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Le son mélodieux d'une boîte à musique a attiré mon attention, il venait d'une des pièces de l'aile gauche du manoir. Écoutant les bruits à travers chacune des portes, je trouve enfin la bonne, une porte lambda, sans fioriture ni rien. Un peu déçu, j'entre dans une chambre spacieuse, il y avait un lit, une commode, un miroir, etc... Une chambre normale.
La fameuse source de musique était au milieu de la pièce, isolée de tout, ne faisant tourner qu'une ballerine sans tête au rythme mélodieux de la boite.
La, vous vous dites qu'elle va changer et devenir effrayante comme dans chaque histoire. Et bah... Vous avez faux. Elle n'a pas changée, elle est restée mélodieuse du début à la fin.
Mon cœur battait à la chamade, plus je m'approchais plus je transpirais... Le rire à laisser sa place a des pleurs, la fameuse Himitsu pleurait. J'avais presque un peu de peine pour elle, mais la peur avait le dessus... Ma curiosité et ma passion des mystères ont réussi à prendre l'avantage... j'ai donc continué mon avancée, terrorisé, mais totalement fasciné par le mélange de la mélodie et des pleures.
J'ai pris la boite à musique dans mes mains moites, la regardant tourner fébrilement. La petite ballerine décapitée s'arrêta après un dernier tour sur elle-même, faisant revenir le silence pesant. Je ne me rappelais même plus la raison de ma présence ici... À mon portable, il était minuit... Deux heures, ça faisait seulement deux putain d'heures que j'étais ici. Je m'assois par terre oubliant tout, j'en avais marre de cet endroit, de ce lieu maudit. Tout cela, était-ce mon imagination ou la réalité ? Je ne savais pas, je ne le savais plus. Dans ma déprime et le début de la folie qui me guettait, un vieux journal a mes pieds a attiré mon attention, « Une jeune femme assassinée violemment. Son corps n'a pas été retrouvé ». Dans la suite de l'article, ils détaillaient le lieu, la date, les suspects, etc..
- Tu l'as vu... Comment ces chiens m'ont traitée, mais mon enfant, ce n'est pas suffisant.
Ma vue s'est brouillée, j'ai commencé à paniquer... J'étais attaché par les pieds et les mains, aucun moyen de me libérer... Des instruments de torture étaient sur une petite table à côté, des crochets, des pinces et des couteaux tout un arsenal d'objet.
Un homme, sûrement un médecin avec ses habits, parlait dans une langue étrangère. J'étais, je pense, dans le corps d'Himitsu.. Je pleurais, criais, mais rien ne changeait...
Le médecin commença son travail, il m'ouvrit le ventre pour regarder mes organes... Ses mains me trifouillaient l'intérieur du corps, il en sortit mon intestin. Je ressentis une profonde douleur, je le suppliais d'arrêter, mais rien ne marchait. J'étais soumis à regarder cette affreuse scène... Après mes boyaux, il retira mon estomac, mes reins, et le reste de mes organes... Serait-ce pour du trafic d'organe ?
La torture a continué pendant des heures entières, tout le corps y est passé, des yeux aux vaisseaux sanguins, ne laissait qu'une carcasse vide... Je ne sais pas à quel moment elle a rendu l'âme, mais la douleur a continué jusqu'à la fin.
Quand l''illusion s'est dissipé, j'étais à terre, tremblant, transpirant, pleurant, recroqueviller sur moi-même, les mains sur les oreilles en criant... Les images ne voulaient pas sortir de ma tête, plus le temps passait, plus je me calmais, je suis un homme de science, je ne dois pas y croire. J'ai séché mes larmes et regardé le sol, encore un peu fébrile, la douleur était si réelle... J'ai vu des pieds nus, clignant des yeux pour discerner le réel de l'irréel. Puis, en relevant doucement la tête, les plis d'une robe ensanglantée, un ventre ouvert, les boyaux sortis, une poitrine généreuse et enfin un visage empli de haine, la joue gauche manquante.
Paralysé par la peur, j'ai balbutié des mots incompréhensibles les yeux en larmes m'attendant au pire... Mais... Était-elle vraiment méchante ? Elle ne bougeait pas, me regardant avec les yeux vides en rigolant. Une seule pensée traversa mon esprit à ce moment-là : « Cours ». Étrangement, malgré la peur, mon corps a écouté mon esprit... J'ai alors pris mes jambes a mon cou, forçant la porte fermée. Au bout de plusieurs puissants coups d'épaules, la porte a enfin cédé, non sans conséquences... J'avais mal au bras... Je le sentais plus, cassé ? Déboité ? Je n’en ai foutrement rien à foutre, ce n'est pas ma priorité actuelle, j'ai marché désespérément vers les escaliers, une odeur nauséabonde régnait dans le couloir, un mélange de vieillesses et de pourriture. Le noir complet à l'exception d'une lumière naturelle dans les escaliers. La marche me semblait interminable. Des bruits de pas ? Non... De frottement ? Intrigué, j'eus l'audace de me retourner... Mauvaise idée ! Elle était là, elle me suivait, souriant, les yeux vides, elle ne marchait pas, mais glissait sur le sol. Pris de panique, j'accélère ma marche, la course était impossible. Les forces me manquent, mon bras me lançait, le ventre menaçait de faire ressortir tout mon repas. J'avançais désespérément vers les escaliers, ma seule porte de sortie. Presque... J'y étais presque, encore quelques pas... Enfin, j'y étais arrivé, j'ai souris tout seul devant le fait accompli. J'allais vivre, la sortie est là, juste en bas des marches. Content, j'ai descendu les marches quatre à quatre, mais j'ai trébuché sur la dernière... D'un coup, tous mes rêves de fuites se sont envolés... Une pression sur ma cheville a déclenché une panique intense.
- Si proche de la sortie mon enfant...
Avec mon bras valide, j'ai rampé comme je le pouvais en hurlant et pleurant, appelant quelqu'un, n'importe qui, ma mère, mon père, ma sœur, mes amis, et même dieu... Mais comme attendue, aucune réponse ne venait, juste l'écho de ma voix dans la pièce et le rire de Himitsu. La pression était maintenant au niveau de ma jambe... Elle montait doucement, comme pour savourer ce moment de peur...
J'étais fini... Je le savais... Alors je souriais à ma propre fin, acceptant la mort comme une vielle amie, rigolant à gorge déployée.
Devais-je me retourner ? Sachant que je sentais un souffle chaud dans mon cou... Après tout, je n'avais plus rien à perdre, j'avais un bras en miette et plus aucune force... J'ai commencé à bouger, doucement, mais sûrement, je me suis mis sur le dos... Cette position me permet d'être face à elle... Himitsu... Son visage pâle était proche du mien, son regard vide fixait le mien, je ne voyais que le noir magnifique de ses orbites vides. Tout mouvement était impossible, elle me souriait tendrement, mais dangereusement...
- Les hommes sont mes ennemis, endors-toi mon enfant, tu es à moi, mon nouveau jouet.
J'avais mal à l'épaule... Au ventre et a la jambe... On ressent quelque chose quand on meurt ?
J'ai doucement essayé d'ouvrir les yeux. La vue brouillée, j'ai perçu le plafond troué, j'ai senti le vent caresser mes cheveux. Tout cela était un rêve ?
En regardant plus en détail au tour de moi, je voyais la pièce comme elle était à mon entrée. Aucune statue cassée, la porte était toujours ouverte. J'avais tout mon équipement avec moi, aucun n'est manquant... Mais mon bras était totalement cassé...
Je me suis doucement relevé, avant de me diriger vers la porte en boitant.
Être dehors était une renaissance, j'ai pris une grande aspiration d'air frais du soir.
- Tu ne peux pas m'échapper...
Cette phrase a résonné dans ma tête, déclenchant une forte quinte de toux, suivit d'un fort vomissement... Tout en déambulant sur le chemin de la route, je me suis répété cette phrase indéfiniment.
Pendant deux ans, j'ai été suivi par un psychiatre, je ne vous raconte pas le plaisir d'avoir été traité de fou et de paranoïaque ahah.. Mais je ne suis pas fou, je le sais, je ne suis pas fou, croyez-moi vous... Je vous demande de me croire, tous les jours, je la vois, elle me suit comme une ombre, je vous le promets, je ne suis pas fou... Elle me fixe de ses orbites vides, j'en suis sûr et certain qu'elle est là, je ne suis pas fou, non, je ne le suis pas...
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